Planifier sa retraite France-Étranger est un défi majeur. Nous sommes le 2 novembre, une période de réflexion souvent synonyme de bilan. Si votre carrière, comme celle de nombreux Français, s'est construite entre la France et un ou plusieurs pays étrangers, ce bilan n'est pas seulement personnel, il est crucial pour votre avenir financier.

En tant qu'expert indépendant en retraites internationales, je vois quotidiennement des carrières "polypensionnées" exceptionnelles.

Mais je vois aussi les erreurs, les oublis et les non-dits qui, mis bout à bout, se chiffrent en milliers, voire en dizaines de milliers d'euros de perte annuelle sur la pension finale.

La complexité administrative n'est pas une fatalité, c'est un labyrinthe. Et pour le naviguer, il faut un plan. Voici les 4 erreurs fatales à éviter pour sécuriser 100% de vos droits.

Erreur n°1 : La Totalisation Auto (Le Mythe n°1 de la retraite France-Étranger)

C'est le mythe le plus répandu : "J'ai travaillé 10 ans en Allemagne et 20 ans en France, j'aurai donc une retraite calculée sur 30 ans." La réalité est bien plus subtile.

La coordination n’est pas une fusion

Vos trimestres acquis à l'étranger ne sont jamais "versés" sur votre compte français. Les systèmes sont coordonnés, mais restent étanches.

Caractéristique Espace UE/EEE/Suisse Pays avec Convention Bilatérale (Ex: USA)
Base Légale Règlement Européen 883/2004 (source) Convention bilatérale spécifique (propre à chaque pays)
Prise en compte des trimestres Totalisation pour ouvrir le droit au taux plein (éviter la décote). Totalisation (si prévue par la convention) uniquement pour ouvrir le droit.
Calcul de la pension Chaque pays paie sa part proportionnelle ("Prorata Temporis"). Chaque pays paie sa part selon ses propres règles (pas de "prorata" commun).
Objectif principal Garantir la libre circulation des travailleurs sans perte de droits sociaux. Éviter la double-cotisation et organiser une portabilité minimale des droits.
  • Hors UE (Conventions Bilatérales) : Si vous avez travaillé aux USA, au Japon ou au Maroc, c'est une convention bilatérale qui s'applique. Chacune est unique. La convention France-USA est excellente. D'autres, comme celle liée au Brexit, ont des spécificités nouvelles.

Le Coût de l’Erreur

Si vous ne demandez pas activement la prise en compte de ces périodes via les formulaires de liaison, votre caisse française (CNAV) vous calculera une retraite sur la base de vos seuls trimestres français. Résultat : une décote massive et injustifiée sur votre pension française.

Erreur n°2 : Liquider ses pensions au mauvais moment (ou dans le mauvais ordre)

"J'ai 64 ans, l'âge légal en France, je liquide tout." C'est une erreur de synchronisation qui peut vous coûter très cher. L'âge légal n'est pas une norme mondiale.

Exemple Concret : Le piège France / USA

Imaginons un client né en 1961. Il a tous ses trimestres (France + USA) pour le taux plein. S'il liquide tout à 64 ans par précipitation :

Pays Âge du Taux Plein (Né 1961) Impact d'une liquidation à 64 ans
France 64 ans Taux Plein (s'il a ses trimestres France+USA)
USA (Social Security) 67 ans (source) Décote PERMANENTE de ~20% (liquidation 36 mois en avance)

L'expertise consiste ici à calculer le point d'équilibre. Parfois, il vaut mieux liquider la France à 64 ans et attendre 67 ans pour la part américaine.

Erreur n°3 : Payer un rachat de trimestres "à l'aveugle"

Votre relevé de carrière français affiche "160 trimestres". Il vous en manque 12 pour le taux plein. Votre premier réflexe est de vous proposer un "rachat de trimestres".

Le piège à 50 000 €

Ce que la CNAV "oublie" de vous demander, c'est si vous avez travaillé ailleurs en Europe.

Reprenons notre exemple : il vous manque 12 trimestres en France. Mais vous avez travaillé 4 ans (16 trimestres) en Italie (un cas que nous couvrons en détail dans notre guide sur la retraite France-Italie).

En activant la Coordination UE (Règl. 883/2004), ces 16 trimestres italiens sont *totalisés* avec vos 160 trimestres français pour le calcul du *taux*. Vous avez 160 + 16 = 176 trimestres. Vous dépassez les 172 requis.

Résultat : Vous obtenez votre taux plein français SANS RIEN DÉBOURSER. Vous venez d'économiser 30 000 €, 40 000 € ou 50 000 € de rachats strictement inutiles.

Erreur n°4 : Oublier la fiscalité et la couverture santé post-liquidation

Obtenir ses pensions est la première bataille. Savoir où elles seront imposées et qui paiera vos soins de santé en est la seconde.

Le casse-tête fiscal et social

Une fois retraité, votre "pays de résidence fiscale" devient la clé.

  • Double Imposition : Sans action de votre part, vous risquez d'être imposé en France (prélèvement à la source) ET dans votre pays de résidence. Il faut activer la convention fiscale. (Ex: Le fameux formulaire W-8BEN pour les USA).
  • Qui impose quoi ? Les règles changent. Les pensions publiques sont presque toujours imposées à la source (en France). Les pensions privées (CNAV, Agirc-Arrco) sont le plus souvent imposées dans le pays de résidence. (Mais il y a des exceptions, comme le cas de Monaco).
  • Prélèvements Sociaux (CSG/CRDS) : C'est le point le plus coûteux. Si vous résidez hors de France (en UE/EEE/Suisse), vous pouvez être exonéré de CSG/CRDS (9,1%) sur vos pensions françaises et ne payer que la cotisation maladie (3,2% ou 4,2%). Une simple case non cochée sur un formulaire, et vous perdez des centaines d'euros par an.

Qui paie mon médecin ?

Si vous liquidez votre retraite française mais décidez de vivre votre retraite au Portugal, vous ne serez plus couvert par la Sécurité Sociale française.

Pour obtenir vos droits à la santé en Europe, il faut demander à votre caisse de retraite le formulaire S1 (ancien E121). Ce document "exporte" vos droits de santé. Sans lui, vous devrez payer une assurance privée coûteuse ou cotiser au régime local.

La Solution : L’Audit pour votre Retraite France-Étranger

Ces erreurs ne sont pas une fatalité. Elles sont le résultat d'un manque d'accompagnement indépendant. Les caisses de retraite sont des organismes de liquidation ; elles n'ont ni le temps, ni le devoir de vous conseiller sur une stratégie d'optimisation.

En tant que consultant indépendant, mon rôle est de défendre vos intérêts. Un Bilan Retraite International (BRI) complet est la seule réponse. Voici comment je procède.

Étape 1 : La Collecte Stratégique des Pièces

C'est le fondement. Nous allons au-delà du simple Relevé de Carrière (RIS). Nous collectons :

  • Les relevés de carrière de TOUS les pays (CNAV, Agirc-Arrco, Social Security US, INPS, etc.).
  • Les contrats de travail ou avenants de détachement/expatriation.
  • Les bulletins de paie de début et fin de mission à l'étranger.
  • Les certificats de détachement (Formulaires A1, SE 401-01, etc.).

Étape 2 : L'Analyse Croisée (Le "Trou dans la Raquette")

C'est là que 90% des erreurs se cachent. Je vérifie point par point :

  • Une période de "détachement" payée en France est-elle bien reportée sur votre relevé français ?
  • Une période "d'expatriation" (cotisée localement) apparaît-elle bien sur le relevé étranger ?
  • Les trimestres de service militaire, de chômage, de maternité ont-ils été validés ?
  • Les points Agirc-Arrco ont-ils été calculés sur les bonnes tranches ?

Étape 3 : La Simulation Multi-Scénarios

Une fois la carrière "propre", nous calculons l'optimum. Je vous présente des chiffres clairs :

  • Scénario A (Calcul Autonome) : Chaque pays calcule votre retraite de son côté.
  • Scénario B (Calcul Coordonné) : On utilise la totalisation et le prorata.
  • Le Saviez-vous ? Parfois, le calcul autonome est plus avantageux que le calcul coordonné que la caisse vous propose par défaut ! Nous choisissons ensemble la stratégie la plus payante.

Questions Fréquentes (FAQ)

Mes trimestres suisses comptent-ils pour la carrière longue en France ?

Non. C'est un point de vigilance majeur. Les règlements européens (et l'accord avec la Suisse) permettent de totaliser les trimestres pour le taux plein, mais PAS pour remplir les conditions de "début de carrière" (les 4 ou 5 trimestres avant 16, 18, 20 ou 21 ans) exigées par le dispositif "Carrière Longue" français.

Puis-je toucher ma retraite française si je vis toujours aux États-Unis ?

Absolument. Le paiement de votre retraite française (base et complémentaire) n'est pas conditionné à votre lieu de résidence. Vous recevrez vos paiements sur votre compte bancaire, partout dans le monde (sous réserve de fournir un certificat de vie régulièrement).

On me demande un Formulaire A1 pour mon télétravail, est-ce lié à la retraite ?

Indirectement, et c'est crucial. Le formulaire A1 détermine à quel pays vous payez vos cotisations sociales (donc vos cotisations retraite). Une erreur d'affiliation aujourd'hui crée un "trou" dans votre carrière qui sera très complexe à régulariser 20 ans plus tard.

Qu'en est-il de ma retraite complémentaire Agirc-Arrco ?

L'Agirc-Arrco est un régime français qui suit ses propres règles. Il n'y a pas de "totalisation" de trimestres pour la complémentaire. Cependant, les périodes travaillées à l'étranger (même sans cotiser à l'Agirc-Arrco) peuvent vous aider à obtenir le taux plein au régime de base, ce qui supprime la minoration sur votre Agirc-Arrco. C'est un effet indirect mais financièrement puissant.

J'ai travaillé dans un pays sans convention avec la France. Tout est perdu ?

Non, pas forcément. Vous aurez deux carrières totalement indépendantes. La France calculera votre retraite sur vos seuls trimestres français (avec une décote potentielle si vous n'avez pas le nombre requis). L'autre pays (ex: Dubaï, Singapour) vous paiera sa propre pension ou "End-of-service gratuity" (prime de fin de contrat) selon ses règles. L'enjeu ici est de bien vérifier les conditions de rachat de trimestres en France (qui peuvent devenir très pertinents) et la fiscalité de cette pension "exotique".

Votre carrière internationale est unique. Votre retraite doit l’être aussi.

Ne laissez pas des erreurs administratives ou des "non-dits" décider de votre avenir. Prenez le contrôle.

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